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Libération

Le Swaziland, pays rongé par le sida

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Route du Sud. Le road-movie de notre correspondante au cœur de la nation arc-en-ciel.
publié le 28 juin 2010 à 0h00

Chaque matin, Rudolf Makwara, infirmier de l'équipe de Médecins sans frontières (MSF), part sur les routes du Swaziland, en consultation «à domicile». Il lui faut cinq heures de route, plusieurs rivières à traverser en 4 x 4, et quelques kilomètres à pieds pour rencontrer trois patients. L'une d'elle, Sibaye, vit seule avec son fils de 4 ans dans un village perdu. Elle ne connaît pas son âge, «car on ne lui a jamais dit». Séropositive, elle a attrapé une tuberculose multirésistante aux médicaments et doit suivre un traitement extrêmement lourd sur deux ans. Dans n'importe quel autre pays, elle irait faire ses injections quotidiennes à la clinique du coin. Mais ici, même la «clinique du coin» est trop loin.

Le Swaziland, qui fait la moitié de la superficie de la Belgique, est enclavé au cœur de l’Afrique du Sud. C’est la dernière monarchie absolue en Afrique. On y parle une langue dérivée du zoulou, on y célèbre les mêmes rites traditionnels qu’en Afrique du Sud, tous les hommes partent travailler à Johannesburg ou à Durban, et ce pays minuscule a les mêmes problèmes sanitaires que son grand frère de voisin : 26% de la population est porteuse du VIH, le taux d’infection le plus important au monde.

«Urgence». Hier, dans la minuscule clinique de Lavumisa, près de la frontière avec l'Afrique du Sud, 54 personnes sont venues faire des tests et des prises de sang. Sept ont commencé leur traitement d'antirétroviraux. Des pourcentages, des chiffres. Un lieu c