Chaque chaîne a le sien. Bien peignés, le poil brillant, bien mis, de riches étoffes sur leur dos encore musclé. Ils sont là, auréolés de leur gloire passée : les Bleus de 98. Il y a Robert Pires sur TF1, éternel sourire en coin. Il y a, toujours sur la Une, Bixente Lizarazu, et son air de petit taureau obstiné (oui bon, il y a aussi Franck Lebœuf et ses analyses percutantes : «Ça passe comme dans du gruyère»). Il y a Emmanuel Petit sur France Télévisions, rebelle quittant le plateau en colère contre tout le monde. Il y a, sur Canal +, Christophe Dugarry, dont la moitié du temps d'antenne se passe à regarder son image dans le moniteur - ouah, le beau gosse ! Et tout ce beau monde, qui dissimule assez mal sa joie de ne pas être éclipsé par la nouvelle génération, a un avis. Coup de pot, depuis qu'ils se sont retirés des crampons, ils ont appris à parler et n'en reviennent pas eux-mêmes d'aligner autant de mots.
Dimanche, dans Téléfoot, Lizarazu s'est même lancé, feuilles à la main, dans une savante analyse en trois points (bon d'accord, il n'en a donné que deux). Et ces glorieux aînés, à la confondante parole sans cesse sollicitée, de tancer, sermonner, inculquer leur science façon Maître Yoda. Ce qu'ils prêchent ? Qu'il faut tout dire. Que tout doit changer. Que surtout, surtout, il faut jouer au foot. Et puis il y a Zidane, leur ombre tutélaire à tous. Lui parle peu mais il apparaît tous les jours, le visage caché dans une capuche façon robe de bure. C'est,