Pendant le Mondial, Libération.fr donne la parole à des personnalités qui livrent leur vision - décalée ou pas - de l'événement. Aujourd'hui, l'historien Didier Rey revient sur le glorieux passé de la Celeste uruguayenne.
Ils franchirent l'océan Atlantique avec des billets de troisième classe et parcoururent le Vieux continent en wagons de deuxième classe, jouant de ci de là des matches d'exhibition pour payer leur voyage vers Paris. Partout où ils se produisirent, ils émerveillèrent les foules européennes. Ils ne venaient pourtant pas du Brésil ou de l'Argentine mais plus modestement de l'Uruguay. À Paris, en 1924, pour les Jeux olympiques, ils donnèrent le tournis à leurs adversaires yougoslaves, français ou suisses.
Ils avaient pour nom José Nazassi, Hector Scarone, Pedro Petrone ou Angel Romano et tant d'autres encore. Il y avait aussi Josè Leandro Andrade «La Maravilha Negra» à propos duquel Eduardo Galeano a si bien écrit que «la première idole internationale du football était noire, sud-américaine et pauvre». Car la Celeste n'avait pas peur du Noir. Déjà, en 1916, lors de la première finale du championnat des nations sud-américain contre le Chili, elle avait aligné Isabelino Gradín et Juan Delgado, tous les deux descendants d'esclaves, provocant l'ire de ses adversaires. En 1928, lors des JO à Amsterdam, l'Uruguay conservait son titre en battant, en finale, les frères ennemis argentins après avoir écarté les Azzurri.
Au bar, Josè Leandro Andrade lors des JO d'Amsterdam en 1928 (Wikimédia)
Deux ans plus tard, à Montevideo, dans son stade flambant neuf du Centenario, la Celeste imposait de nouveau sa loi à l'Argentine en finale de la première édition de la Coupe du monde organisée par la Fifa. Ainsi