Sebastian Abreu n'a pas le mal du pays. A 33 ans et 17 clubs écumés dans 7 pays (parmi lesquels la Grèce et Israël), ce globe-trotter a trouvé en Afrique du Sud un terrain de jeu à la hauteur de sa réputation. «El Loco» (le fou) s'est révélé au monde par un coup de génie. Dernier à s'élancer lors de la séance de tirs au but du quart de finale Uruguay-Ghana, l'idole de Montevideo n'a pas failli à sa réputation : il a placé son très osé «picado», panenka synonyme de qualification pour les demi-finales. «Par quel adjectif a-t-on qualifié le penalty de Zidane [en finale de la Coupe du monde 2006] ? Fou ? Non, magique. Et Abreu, non ?» s'est irrité le héros du jour assurément un peu déjanté.
De son enfance pauvre dans la province d'Avalleja, il a gardé un sens des réalités peu commun dans le football. «La pression, il n'y en a que pour les maçons ou les paysans qui travaillent sous le soleil pour atteindre la fin du mois», dit-il. S'il joue aujourd'hui pour le club brésilien de Botafogo, l'avant-centre partage son cœur entre la Celeste et le Nacional Montevideo. «Il s'agit d'un sentiment équivalent, ou à peine moindre, à celui que je ressens pour mes enfants.» Une dévotion qui justifie toutes les chansons écrites à sa gloire. C'est pourtant sur les parquets qu'El Loco aurait pu faire trembler les filets. «A 16 ans, je jouais au basket et je travaillais dans un journal, se rappelle-t-il. On m'a demandé d'interviewer le meilleur joueur du matc