Il y a vingt ans, le 30 juin 1990, Mario Cabré mourait à Barcelone, où il était né 75 ans plus tôt. Puntillé par un arrêt cardiaque. La mort : «Elle est arrivée sans horaire/ Celle que jamais on n'attend/ Qui l'a laissé passer ?/ Le silence absolu, l'absolue quiétude.» Un poème sien. Ses amis l'ont enterré avec sa cape de torero sur son cercueil. Sa cape «mi-sucre mi-eau» comme il l'avait écrit dans un autre poème, adressé à Ava Gardner. Elle avait été une fois sa maîtresse à l'occasion du tournage, à Tossa de Mar, de Pandora le film d'Albert Lewin. Il y jouait le rôle d'un torero.
Les producteurs britanniques du film le décrivaient comme «un brun authentique avec des yeux de toro». Ava, dans ses mémoires, l'estoque en quelques phrases cruelles. Mario, «un bel homme macho» mais «un emmerdeur espagnol», «un empoisonneur de première» qui faisait sa propre promotion, sur son dos, si on peut dire, et clamait haut et fort que Frank Sinatra, fiancée d'Ava, ne sortirait pas d'Espagne vivant s'il s'avisait d'y venir. Si elle s'est trouvée une fois dans son lit, c'est parce qu'elle était pompette et que «les nuits espagnoles sont romantiques». On a prêté à Mario Cabré d'innombrables maîtresses dont Irène Papas ou Yvonne de Carlo, qui tombera aussi dans le lit de Luis Miguel Dominguín, son rival sur la piste ou entre les draps.
Don Juan. Le mot espagnol polifacético (polyvalent) semble avoir été inv