Menu
Libération

A Oudtshoorn, les Boers font l’autruche

Article réservé aux abonnés
Route du Sud. Le road-movie de notre correspondante au cœur de la nation arc-en-ciel.
publié le 9 juillet 2010 à 0h00

La route est longue pour arriver à Oudtshoorn. Cette ville au nom imprononçable surgit au milieu de l’immensité du désert du Karoo. La nationale 62, qui y mène, est une longue ligne droite et ennuyeuse, coupant à travers champs. Outdtshoorn, la «capitale mondiale» de l’autruche, produit six millions d’œufs par an. Il y a autant d’oiseaux dans les prés que de vaches en Normandie. Elles agitent leur truc en plumes et se prennent pour des stars.

Tir. L'entrée dans Oudtshoorn donne le ton : un gigantesque terrain de tir, où l'on vient s'entraîner en famille pendant les week-ends ; des lourdes croix en bois pendues aux fenêtres et de grands drapeaux orange pour célébrer la performance des Hollandais pendant cette Coupe du monde. Les «Boers», les premiers colons, sont arrivés tout droit des Pays-Bas au XVIIe siècle. Derrière les belles demeures coloniales d'où les fermiers gèrent leur exploitation, des cabanes miteuses se perdent dans le désert. Ce sont les maisons des travailleurs agricoles. En avril, le fermier Eugène Terre'Blanche, leader d'un parti blanc raciste, a été assassiné par deux de ses ouvriers. Les fermiers y ont vu les prémisses d'un génocide contre la race blanche. L'événement a surtout révélé les problèmes raciaux qui perdurent dans les campagnes.

Dans le Karoo, les ouvriers sont «coloured», une classification donnée aux métis pendant l'apartheid. «Ça a un peu changé depuis 1994, confie Pieter, le regard bas. Les rides c