Menu
Libération
Interview

«La fierté nationale doit être quasi poétique»

Article réservé aux abonnés
L’artiste néerlandais Anton Corbijn préfère le sport amateur et sans argent. Cela ne l’empêchera d’être derrière les Oranje dimanche.
par Brieux Ferot
publié le 10 juillet 2010 à 0h00

Anton Corbijn a photographié David Bowie et Miles Davis, réalisé Control,film sur la vie du leader de Joy Division, et mis en scène George Clooney dans The American. Pourtant, il se délecte d'Arjen Robben. Allez comprendre…

Si les Pays-Bas gagnent, êtes-vous prêt à accepter le fait que les gens ne vous parlent que de votre équipe nationale pendant quatre ans ?

Ce sera long… Je préfère quand ça ne marche pas, filmer l’émotion là où il n’y a pas d’argent, comme dans ce documentaire sur les deux équipes les moins bien classées de la Fifa, qui se rencontrent tous les ans. J’aime bien gagner, mais cette fierté nationale doit être quasi poétique et non matérielle. La victoire est possible parce que Robben, quand il s’énerve, ce n’est pas vraiment pour engueuler ses partenaires mais pour être dans son match. On dirait un gentleman, ce type. Il est beau, il a cette grâce en mouvement qu’avait Zidane, proche du ballet…

Faut pas déconner non plus…

Peut-être que j’en fais un peu trop. En même temps, on joue en orange, cette couleur qui a tout pour être horrible mais que les joueurs arrivent à magnifier. Je préfère qu’on soit identifié à cette couleur plutôt qu’à un drapeau laid comme celui de l’Angleterre… Rassurez-vous, le peuple ne fait pas le lien avec la royauté, le orange n’a plus de portée politique.

Une bande-son pour se passer des commentateurs dimanche soir ?

Ça dépend si l'équipe favorite gagne ou perd. En Angleterre, ils mettent World in Motion de New Order à toutes les sauces, mais pour cette finale, je mettrais bien Let's Work Together de Canned Heat, Take It or Leave It des Strokes et, bien sûr, You Can Get It If You Really Want par Desmond Dekker