Ce Tour de France a été marqué par une révolution de salon. Une lame de fond qui a soulevé sa moquette en silence, transformant le lupanar d’autrefois en un boudoir cosy, où l’on pique du nez sur le service à thé. L’époque a changé. Maurice Garin, le premier lauréat de l’épreuve en 1903, travaillait comme ramoneur. Vainqueur dimanche, Alberto Contador est cycliste à temps plein depuis l’adolescence. Ce progrès social serait une franche césure dans la tradition de ce sport si le grimpeur espagnol ne conservait pas en lui quelques réflexes de requin blanc. Son jeune adversaire Andy Schleck emprunte davantage au consensus moelleux d’un Babar roi des éléphants. La rupture, c’est le Luxembourgeois qui l’incarne. Avec d’autres mammifères plus discrets, mais tout aussi sympas. L’austère Team Katusha abrite un ex-danseur, Alexandr Pliuschin, qui a sacrifié à des études d’arts lorsqu’il courait en France dans la réserve de l’équipe AG2R. Marc Madiot, le manager de la Française des jeux, a beau dénoncer la neu-neutisation régnante sur le Tour, il doit rassurer son sponsor en bardant ses guerriers de diplômes. Dans sa couveuse, les futurs pros sont contraints de poursuivre leurs études. Ainsi, Anthony Roux est décorateur d’intérieur, Jérémy Roy ingénieur en génie mécanique et automatique…
Les travaux du sociologue Philippe Gaboriau apportent une clé originale pour mieux comprendre ce Tour hyper-courtois. Le changement de culture chez les coureurs ? Une évolution logique nous enseigne so