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Libération
TRIBUNE

Les quatre tares du ballon rond

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par Jérôme Bourdon, Professeur de communication à l’université de Tel-Aviv
publié le 26 juillet 2010 à 0h00

Le foot est sexiste. Dans les familles, le foot sert à bâtir des coalitions d’hommes. La mère voit père et fils partir pour leur stade, ou le café, ou bien sert aux hommes réunis bière et petits gâteaux devant l’écran magnétique. La petite amie du fils se blottit au creux de son bras viril qui s’élève de temps en temps pour ponctuer les cris de victoire. La femme est l’accompagnatrice de l’admiration des hommes pour eux-mêmes. Les hommes, eux, s’hypervirilisent, singent les joueurs, se lèvent en parcourant leur salon, tels des entraîneurs mettent les mains derrière la tête avec désespoir. Pendant des heures, ils cherchent à épuiser les défenses de l’adversaire, pour la magie de la pénétration… Ils sont à leur affaire, au régiment du ballon rond.

Le foot est nationaliste. Bien sûr, on plaidera : cela vaut mieux que la guerre. Mais le foot a-t-il jamais empêché la moindre guerre ? La grande fête de la Coupe du monde peut-elle faire oublier la violence alcoolisée des supporteurs ? Au moins leur attachement au club a-t-il le mérite de révéler l’absolue vacuité de nos nationalismes. Par contre, le football oblige à se déclarer pour ou contre une nation. D’abord, pour «soi», pour sa propre nation, si elle participe. Ou par défaut, une autre. Israël était pour l’Uruguay contre l’Allemagne (et dans un bar des territoires occupés, on était pour l’Allemagne parce que les Israéliens étaient contre). Tel militant de gauche était pour l’Afrique, n’importe quel pays d’Afrique : car avec le