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Lemaître, force nature

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Athlétisme. Meilleur temps des séries hier, le recordman de France du 100 m détonne par sa candeur. Il dispute le titre européen aujourd’hui.
Christophe Lemaitre à Barcelone le 27 juillet (© AFP Pierre-Philippe Marcou)
par Grégory Schneider et Nicolas Rossato
publié le 28 juillet 2010 à 0h00

C'est a priori pour ce soir, 21 h 45. S'il ne se noie pas en demi-finale deux heures plus tôt, le sprinteur Christophe Lemaître, starisé depuis trois semaines et ses 9"98 sur 100 mètres, disputera à 20 ans sa première grande finale chez les seniors, lors des championnats d'Europe de Barcelone. Le gaillard a réalisé hier le meilleur temps des séries, en 10"19 sans forcer : «J'ai géré, voilà.»

Le contexte

«Parler de sprinteurs blancs, je trouve ça aberrant. Cette histoire est lourde. Je n'aime pas du tout ça.» Le gamin a flairé le piège. Son statut de premier Blanc sous les 10 secondes, si porteur médiatiquement, est une escroquerie sportive, et même un scandale : aucune étude scientifique n'a jamais validé le fait qu'un Blanc est moins bien armé athlétiquement. Du coup, le natif de Culoz (Ain), 72e homme sous les dix secondes mais le 4e seulement à son âge, se retrouve à devoir expier sur la piste une situation qu'il n'a pas voulu : son coéquipier à Barcelone Ronald Pognon, lui, était devenu le premier Français sous les 10" (9"99) en 2005 à Lausanne, loin des yeux du grand public. Le recordman du monde jamaïcain, Usain Bolt, s'était gentiment foutu de la gueule du Français après l'avoir battu à Saint-Denis : «Avec Asafa Powell, on l'a baptisé : aujourd'hui, on l'a fait entrer dans l'église.»

Lemaître n'est pas du même monde. Ou pas encore. Et le milieu du sport sait être dur avec ceux dont la valeur objective est sans rapport avec