Yohann Diniz tricote des gigots. Vendredi, en fin de matinée, à Montjuich, dans les hauteurs de Barcelone, il lui reste 8 km pour aller remporter son deuxième titre continental consécutif sur le 50 km marche, après Göteborg (2006). Rien ni personne ne peuvent plus l'en empêcher. Sauf le trottoir : déconnecté du monde réel et obnubilé par la table de ravitaillement (il a soif), le natif d'Epernay (Marne) ne voit pas la bordure. Chute, roulade. Il se relève. Prend la bouteille, repart. Vers le titre. «Une faute d'attention et je me suis "empiergé", comme on dit chez moi. Mais j'étais vraiment bien dans ma tête, il ne pouvait rien m'arriver.»
Traversée. 3 heures, 40 minutes et 37 secondes : c'est le temps qu'il lui a fallu pour mettre fin à sa longue traversée du désert, entamée juste après sa médaille d'argent aux mondiaux d'Osaka, en 2007. «J'avais moins d'humilité par rapport à cette distance, avouait Diniz vendredi. Et quand tu n'as plus d'humilité sur 50 km, la réponse, elle est violente. Elle te fait très mal.»
Puis : «Là, j'ai fait la course que j'avais dite. J'ai fait ce que je sais faire à l'entraînement, seul. Sans m'occuper des autres. Ces deux dernières années, je n'avais pas de tactique. Il ne faut pas subir, laisser le moins de place au doute possible, car sur 50 km, tu passes par plein de phases. Je me suis en partie remis dedans grâce à une sophrologue. Elle m'a permis de me relâcher. De prendre les choses plus simpl