Menu
Libération
portrait

Les doutes d’Hercule

Article réservé aux abonnés
ROMAIN BARRAS. Champion d’Europe de décathlon, ce prof d’EPS natif de Calais a dû surmonter une confiance défaillante.
publié le 2 août 2010 à 0h00

Encore étourdi par une nuit passée à arroser sa victoire, Romain Barras, nouveau champion d'Europe du décathlon, tombe sur le perchiste Romain Mesnil dans l'ascenseur de l'hôtel, à Barcelone. Quand un Romain en croise un autre… Mesnil : «Félicitations pour ton titre.» Barras, un rien gêné par le compliment : «Merci. Pour l'instant, je suis presque plus content d'avoir fait un très bon décathlon que d'être champion d'Europe. Enfin, tu connais cette sensation, hein ?» «Ben non, j'aimerais bien», lui glisse Mesnil en forme de boutade.

Ainsi va Romain Barras, mesuré jusque dans sa plus grande joie, humble même après avoir touché le ciel. Autant ce bel athlète est capable de déployer une énergie folle pour lancer loin son javelot ou boucler rageusement un 110 mètres haies, autant il ne verse pas dans les superlatifs lorsqu'il s'agit de parler de lui. Bien au contraire. «Je suis d'une nature très réaliste, voire franchement pessimiste», admet-il. Ajoutant : «Avant Barcelone, champion d'Europe et moi, je voyais ça comme incompatible.» Une preuve de ce manque de confiance en soi ? «Juste avant l'épreuve finale, celle du 1 500 m, j'étais habité par la peur. La peur de tout perdre, de me faire battre alors que j'étais en tête et que ce dernier exercice est l'un de mes préférés. Ce sont mes amis décathloniens Florian [Geffrouais] et Nadir [El Fassi] qui m'ont remonté le moral, qui m'ont assuré que j'allais être champion d'Europe.» Et l'athlèt