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Libération
Interview

«Tu sais Pierrot, je ne guérirai jamais»

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Pierre-Henri Menthéour a été le coéquipier de Fignon au début de sa carrière professionnelle.
publié le 1er septembre 2010 à 0h00

Pierre-Henri Menthéour, 50 ans, ancien coéquipier de Laurent Fignon chez Renault-Elf-Gitane en 1984, revient sur un homme qui a incarné, selon lui et sans doute plus que les autres, la famille du cyclisme.

«Laurent a surtout été un champion qui a marqué la fin du cyclisme d’après-guerre. Nous nous sommes rencontrés au bataillon de Joinville en 1979. Déjà Laurent détonnait avec les autres. Issu d’un milieu ouvrier "supérieur" [son père était chef d’atelier, ndlr], Laurent Fignon était le seul à pouvoir dire qu’il avait fait une année de fac. Mais il n’a jamais eu à subir de marginalisation de la part du groupe et était considéré comme membre à part entière de la famille du vélo. Il avait cette forme de réflexion différente de la nôtre. Beaucoup étaient insouciants de ce qui se passait dans le vélo, lui, même à 19 ans, était déterminé dans la volonté de réussir dans le vélo. A l’époque quand on le voyait sur sa machine, on savait que quelque chose allait arriver. Que l’on avait à faire à un champion.

«Il était le dernier coureur d’une certaine époque, et le dernier grand avant l’arrivée de l’EPO. Dans le milieu, tout le monde s’est dopé, avant, après... Peu importe et puis faut-il s’être dopé pour avoir un cancer ? Chez Laurent, ce qui se voyait le plus c’est cette force mentale supérieure à la moyenne. Il savait exactement ce qu’il faisait. D’ailleurs, même après sa carrière, Laurent a continué à affronter les événements de la vie y compris sa maladie en combattant, comme un v