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Libération
grand angle

Trail de boue, trail debout

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La météo a stoppé les 2 300 coureurs de l’Ultratrail du Mont-Blanc trois heures après le départ. Mais dès le lendemain, ces sportifs de l’extrême retournaient affronter les cols et l’épuisement pour une «consolante» improvisée de 88 «petits» kilomètres.
publié le 2 septembre 2010 à 0h00

Dimanche matin, 29 août. Devant la petite église de Chamonix, il fait froid mais la brume des hauteurs s’effiloche, laisse percer la lumière sur les glaciers et les cimes enneigées. Comme un sourire après les larmes, un soulagement après deux jours de pluie, de vent, et de neige. La montagne redevient séductrice. Elle a juste rappelé sa loi aux 2 300 coureurs de l’ultratrail du Mont-Blanc (UTMB), venus du monde entier le week-end dernier pour graviter autour du toit de l’Europe.

Grelottant malgré les pulls, parents et amis attendent les participants. Sous l’arche d’arrivée, les coureurs se succèdent, lampe frontale encore en place, bâtons en mains et jambes boueuses, les yeux parfois hallucinés mais le sourire toujours immense. Ils n’ont pourtant pas réalisé leur rêve. La course a été interrompue, puis raccourcie, à cause d’une météo exécrable.

Ces sportifs de l’extrême venaient goûter à cette épreuve que tout amateur de course en montagne rêve d’accomplir une fois dans sa vie, à cet ultratrail dont les chiffres, bien qu’époustouflants, parviennent à peine à traduire l’essence : 166 km, soit quatre marathons enchaînés, 9 500 m de dénivelé, soit deux fois l’ascension de l’Everest depuis le camp de base. Plus de 10 cols à plus de 2 000 m d’altitude. Le tour du mont Blanc en une étape et moins de 46 heures, alors qu’un bon randonneur met une bonne semaine.

Cette année, la course mythique, qui a contribué depuis sa première édition en 2003 à sortir le trail de la confidentialité, a