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Commotion de censure

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Rugby. Un neurologue s’inquiète des conséquences des KO dont les joueurs sont victimes.
Matthieu Bonello (c), de Castres, aux prises avec Jan de Bruin Bornman (g) et Thrys Thomas (d), de Cardiff, le 15 octobre 2010 (AFP Remy Gabalda)
par Sophie CHAMAY
publié le 16 octobre 2010 à 0h00

«Je suis dans l'action, je n'ai pas conscience du danger qui va me rattraper, et tout à coup… le noir complet. Aucune douleur, seulement un voile qui me coupe du reste du monde. Commotion cérébrale.» C'est Christophe Dominici qui raconte le choc dont il fut victime, le 19 mars 2005, lors d'un match du Tournoi des six nations contre l'Italie. Mais pour un KO aussi «célèbre» que celui de l'ancien trois-quarts aile du XV de France, combien passés inaperçus ou presque sur les terrains français ? Et combien de joueurs renvoyés sur le pré quelques jours plus tard ? Et qui paieront les conséquences dix ou vingt ans plus tard sous forme de séquelles neurologiques. C'est la question que pose Jean-François Chermann, neurologue et spécialiste des commotions cérébrales, dans KO, le dossier qui dérange (1). Un livre dans lequel il dénonce la méconnaissance du problème de la commotion chez les sportifs, les rugbymen en particulier. Voire l'omerta qui l'entoure.

Paliers. Un exemple ? Une étude récente a révélé qu'une majorité de médecins citaient la perte de connaissance et l'amnésie comme les deux principaux symptômes d'une commotion. Pourtant, seules 10% des commotions sont associées à une perte de connaissance et selon une étude américaine moins d'une sur trois (27%) provoquerait une amnésie provisoire. «C'est là qu'il faut être vigilant, souligne le docteur Chermann. Plusieurs commotions, même de faible intensité, peuvent avoir des conséqu