On ne saurait trop remercier Sidney Gavignet d'exister. Car l'histoire de ce marin est en tout point magnifique. C'est d'abord celle d'un petit garçon qui voulait faire «l'école du cirque Fratellini» et qui à 42 ans va disputer sa première Route du rhum, seul sur un trimaran géant dont les précisions sont écrasantes. 32 m de long, mât de la même longueur et 12 tonnes sur la balance. On voit par là que l'homme du large ne se nourrit pas uniquement de pain aux algues qui donne une force herculéenne, mais aussi d'oranges sanguines. «C'est Francis Lalanne, le chanteur, une connaissance de mon père, qui m'a appris à jongler avec quatre oranges.» Gavignet ne fait pas partie des favoris de cette neuvième édition dont le départ sera donné dimanche : «J'y vais pour la grâce, car courir la Route du rhum est un don offert à un tout petit nombre. Je fais ce métier pour essayer d'être un meilleur homme. Je vais courir pour me placer dans un état méditatif.»
Sidney Gavignet n'est pas le premier à introduire la méditation dans la bataille navale, mais disons que cette notion avait quand même un peu disparu depuis Bernard Moitessier. Il ne serait pas étonnant par ailleurs que les arguments avancés par Gavignet passent aux yeux de ses principaux concurrents (Joyon, Cammas, Coville, Guichard) comme du latin de cuisine. Mais lui se moque bien qu'ils puisent se gratter la tête à la lecture de ses propos : «Ce que je veux, c'est être un être différent du bonhomme qu