Kito de Pavant, skipper de Groupe Bel, (Classe Imoca), éclaire de son témoignage l'engouement des amateurs pour cette transatlantique.
Ancien convoyeur puis coureur pro, que vous inspire cette flotte de 85 bateaux dont 60% est constituée d’amateurs ?
Je me sens très proche d’eux ! Parfois plus que de mon propre milieu car j’ai été très longtemps un des leurs. J’ai gagné le Figaro en amateur et c’était une fierté car c’est là que j’ai commencé mon métier de coureur pro. La Route du rhum, c’est principalement une course d’amateurs et on l’oublie car la médiatisation se focalise sur les pros et les trimarans de 32 mètres. Sans les amateurs la magie de la course aurait disparu et il n’y aurait pas toute cette foule considérable qui depuis une semaine s’agglutine autour des bassins.
Ce monde-là existe-t-il toujours ?
Il n'a pas changé même si les bateaux sont plus chers à armer. C'est celui des projets un peu cinglés, un peu déraisonnables. C'est l'école du bénévolat. Il y a toujours des types qui déplient deux jours avant le départ des voiles dénichées dans un grenier. Des perceuses qui traînent sur le ponton et toujours un pote électricien qui donne de son temps. Un monde de débrouille, d'amitié, de solidarité. Un monde de coups de mains et de grande fraternité. Derrière les monstres marins qui vont faire la traversée en huit jours, il y a des types qui vont mettre quatre semaines, voire plus. Des types habités par une histoire depuis des années et dont l'histoire va peut-être s'arrêter deux heures ou deux jours après le départ. [Le bateau de Pierre-Yves Lautrou, journaliste à "l'Express" qui faisait route vers Sai