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Libération
CHRONIQUE

Du rugby avec les tripes

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Après Nantes, Montpellier: l'écrivain Michel Embareck chronique deux matchs de bougnats.
publié le 21 novembre 2010 à 11h42
(mis à jour le 21 novembre 2010 à 15h04)

Deux matchs, deux beaux matchs de bougnats à Nantes et Montpellier. Quel régal. Certes le chœur des commentateurs déplore l’ennui de parties confuses, obscures, sans panache ni cavalcades propres à faire lever les foules. Le match de bougnat demeure une affaire d’esthète. De gourmet. Et, pour qui s’intéresse à la petite cuisine du rugby, l’équipe de France a réussi jusque-là un parcours de saison exceptionnel. Car novembre s’affiche comme « le mois des produits tripiers ». Oui, oui, depuis dix ans, dans l’indifférence quasi générale, charcutiers, tripiers, bouchers et restaurateurs dignes de ce nom tentent de remettre à l’honneur les abats nommés « quartiers de noblesse » par les fins becs.

Deux matchs de bougnats, deux festins ! Le menu de Montpellier surpassant largement celui de Nantes. Car un score de coups de pied doit s’apprécier à l’ancienne. Le pied de cochon, grillé, panné ou en vinaigrette, peut caler une dent creuse, mais le pied de veau, ah, le pied de veau, une merveille ! D’accord, long à cuire au bouillon, délicat à désosser, mais ensuite, sur une salade de rates aux échalotes servie tiède, l’initié en mangerait sur la tête d’un pouilleux. Un match de mêlées où les Argentins piquèrent du nez dans le gazon. On néglige trop souvent le groin. Tiens, sur le coup de dix heures, un casse-croûte au groin de cul-noir coupé en tranches comme le pouce et juste agrémenté de moutarde… Un verre de reuilly rouge par là-dessus, ça vous requinque le pèlerin autrement que des