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Penser avec les mains

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Claude Onesta. Manieur de caractères et réflexif de gauche, l’entraîneur du hand français s’apprête à défendre le titre mondial.
publié le 8 janvier 2011 à 0h00

Par où l'attaquer ? Par où entrer dans la forteresse amicale coupée en brosse qui détient quatre titres majeurs en quatre ans dans ce sport de contacts. Claude Onesta, 54 ans, à la tête des Bleus depuis dix ans, se décrit, non pas comme un véritable entraîneur, mais comme «un agent d'observation et d'exécution» du jeu tricolore. Hum, ben voyons… Mais quand il se place derrière un joueur sans rien dire c'est très mauvais signe pour le gars en question : «C'est ton frère qui joue, ou quoi ? Quand est-ce qu'il vient le vrai joueur, hein, dis ?» Onesta est alors un corbeau sur le mur du cimetière : «Le joueur, par essence, est un menteur : il ne montre pas tout. A moi de voir ce qu'il me cache, comment il camoufle une carence dans le jeu par exemple.»

Philippe Gardent (entraîneur de Chambéry et champion du monde 1995) était il y a dix ans en balance pour le poste à la tête des Bleus : «C'est extrêmement intelligent de sa part de faire croire qu'on ne fait rien de précis, qu'on délègue, qu'on regarde, ici et là. Mais rien ne peut se faire sans son imprimatur, ni dans le jeu, ni dans la gestion des hommes.»

Le sélectionneur le plus fort du monde est toulousain, une ville dont il a dirigé le club de hand. L'ancien prof d'EPS aime les haricots tarbais et s'attache les hommes par une ferme franchise qu'il ponctue d'une violente tape dans le dos. Composer une équipe c'est faire jouer ensemble le basset artésien et l'antilope aux postes d'ailiers, le l