Jean Le Cam, 51 ans, engagé sur la Barcelona World Race, régate autour du monde en double et sans escale à bord du monocoque de 60 pieds Président en compagnie de l’Espagnol Bruno Garcia. Il nous envoie son dernier billet du bord : lundi Président a abandonné sur casse du mât.
«Nous voilà au Cap-Vert. A Mindelo. Autant dire sur la Lune. Le mât nous est tombé sur la tête lundi. On n'était pas loin de l'île de São Vicente : 80 milles à la louche. On a coupé drisses, bouts de mâts et on a mis le moteur. C'est fini, qu'on s'est dit. Ici tout le monde était au courant de notre casse et même de l'arrêt programmé de Mich Desjoyeaux, qui a fait un stop à Recife [pour réparer son étrave abîmée, ndlr]. Ça m'a scié que sur la Lune l'information soit arrivée si vite.
Un mât sur la tête, c'est comme un agriculteur qui perdrait la toiture de son hangar. Il peut plus bosser. Faut ensuite qu'il fouille dans ses papiers qui sont rangés dans la boîte à biscuits, là-haut, dans le dernier tiroir du buffet. Nous, c'est un peu pareil. On doit en plus faire le rapport de mer. Faut joindre le proprio [Mike Golding, ndlr] pour lui dire que, comme lui, il y a deux ans sur le Vendée, on a pris le mât sur la tronche. "Allô Mike, c'est Jean ! On a cassé. Ah, tu sais ? Oui, tout va bien. Oui, on va tout faire pour ramener le bateau." Ensuite faut joindre l'assureur. Dring ! C'est bon : ça sonne. Lui expliquer où tu te trouves. Que t'as tout bien souscrit et que t'es dans les critères de r