«Il était l'instigateur, ce sont ses mots qui nous ont poussés à le faire.» Cette petite phrase pourrait coûter très cher à Lance Armstrong. Elle est au centre d'une vaste enquête menée par l'hebdomadaire américain Sports Illustrated qui a passé des mois sur la piste du cycliste. Le magazine rapporte ainsi les propos du Néo-Zélandais Stephen Wart, équipier d'Armstrong chez Motorola dans les années 90. Il explique que, lors d'une séance de décrassage après une course jugée décevante par Armstrong en Italie en mars 1995, ce dernier aurait suggéré à ses coéquipiers de prendre de l'EPO. Wart évoque encore un contrôle interne lors de la quinzième étape du Tour de France le mois de juillet suivant, qui aurait révélé que l'hématocrite (taux de globules rouges) d'Armstrong était de «54 ou 56%», au-dessus de la norme de 50% décrétée par l'Union cycliste internationale (UCI).
Certaines de ces accusations, Stephen Wart les avait déjà portées dans un livre paru en 2004 intitulé L.A. Confidentiel. Les Secrets de Lance Armstrong (1). Mais l'enquête de Sports Illustrated apporte de nombreuses révélations. L'hebdo a posté une version courte de son enquête sur son site la semaine dernière avant de publier aujourd'hui son enquête de huit pages sous le titre : «Le dossier contre Lance Armstrong». C'est une véritable charge, détonnant dans une presse américaine qui avait plutôt jusque-là défendu son champion, et qui obscurcit l'horizon du néoretraité.