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Analyse

La France a l’athlète sur les épaules

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La jeune garde n’a plus d’états d’âme. Seul objectif : l’or, décroché cinq fois lors des championnats d’Europe en salle.
publié le 7 mars 2011 à 0h00

«Aujourd'hui, c'était l'or ou rien.» Depuis quand n'a-t-on pas entendu un athlète français parler ainsi ? A 21 ans, Teddy Tamgho n'a pas encore l'âge de se murer derrière ses certitudes. Et pas non plus la maturité de réaliser que sa seule présence au bout d'un sautoir donne des sueurs froides à la colonie de ses rivaux. Mais le jeune homme sait que l'art du triple saut peut se résumer à une merveille de simplicité. Une course d'élan, trois bonds rythmés comme une musique, une trace parfaite dans le sable. Et, conséquence presque naturelle, un record du monde en salle. A Bercy, hier, il a poussé le zèle jusqu'à répéter la manœuvre. 17,92 m au deuxième essai, puis encore au quatrième. Un centimètre de mieux que deux semaines plus tôt aux championnats de France. «Le saut du record, je l'ai assuré, sans tout donner, glissera-t-il à sa sortie du stade, coiffé d'une casquette de rappeur, passant d'un pied sur l'autre comme s'il n'était pas encore tout à fait retombé sur terre. A la maison, je me suis dit que je ne pouvais pas perdre.» La victoire ou rien. Pourquoi donc s'embarrasser du superflu ?

«Crocs». A lui seul, Teddy Tamgho aurait suffi à magnifier le bilan d'une équipe de France rentrée dans ses pénates, au dernier soir de l'Euro en salle de Bercy, avec 11 médailles en poche. Mais ils sont tout un bataillon, dans son sillage, à reprendre en chœur son discours d'absolutiste. Comme il semble loin, le temps où les athlètes français s