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Libération

De l’humeur guerrière au bonheur des dames

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publié le 21 mars 2011 à 0h00

De derrière la vitre sans tain où il regarde le monde se parfumer à l'uranium enrichi ou appauvri (chacun ses moyens), l'écrivain ricaneur, rugbyphile et béotien avait envisagé une remise à l'heure de pendules très remontées. Oh, vastes ambitions. Gloser sur le vocabulaire kaki appliqué aux Bleus, «traîtres»,«champ de ruines», et dénoncer la dérive d'une passion cocardière vers un délire nationaliste comme si, d'un coup, ce jeu devenait l'exutoire des peurs ambiantes. Hum, hum, du grain à moudre, il en avait stocké plein le clavier. Même des questions qui fâchent tout rouge comme de savoir où passent les gamins issus des centres de formation, avalés eux aussi par la machine à pognon du professionnalisme qui leur préfère des passeports exotiques à bas prix.

Et puis, à la sortie du Stade de France, il a entendu cette femme d’allure plutôt sportive, un livre de Carson McCullers à la main. Voix profonde, posée, teintée d’une pointe d’accent anglo-saxon. Heureuse. Rieuse. Son visage irradiait d’un plaisir, d’une excitation encore en ébullition. La victoire était jolie. Au moins autant qu’elle. Et sa maîtrise de la langue trop évidente pour ignorer le sens du mot «aphrodisiaque» dont fut qualifiée une partie marquée de trois essais et de cavalcades galloises, certes vaines, sabre au clair au travers du rideau tricolore.

D’un coup, les prétentions analytiques de l’écrivain volèrent en éclats en même temps que la vitre sans tain. Sous ses yeux fleurissait le bonheur