Le Napoli, 2e du Calcio (le championnat italien de foot) à 3 points du leader à six journées de la fin ? Cela n'était pas arrivé depuis plus de vingt ans. A l'époque, c'est Diego Armando Maradona qui avait permis à cette équipe du sud de l'Italie de redresser la tête et de remporter deux titres en 1987 et 1990, face aux riches équipes du Nord. Le club faisait alors parler la poudre à toute heure dans les ruelles du Quartier espagnol. Les nouveau-nés étaient baptisés Diego et l'accent de La Boca se mêlait aux longues diphtongues de la langue napolitaine.
Aujourd'hui, cette aventure extraordinaire est rangée dans un coin de la mémoire locale. Inoubliable. Comme ces aficionados qui étaient allés jusqu'à inscrire sur le mur du cimetière : «Putain ! Qu'est-ce que vous avez raté !» Ou ces banderoles qui répondaient aux insultes racistes des supporteurs de Vérone («Bienvenue en Italie») par «Juliette est une salope» ! Depuis, plus rien ou presque. Cette imagination fantaisiste s'est étouffée jusque dans les divisions inférieures et une faillite pure et simple.
A la veille du match contre Udinese dimanche soir, les rêves se réveillent timidement. A San Luigi dei Libbrai, devant le bar Nilo, le minisanctuaire qui abrite le cheveu de Diego est toujours aussi vénéré. Les passants s’y recueillent, comme pour demander un coup de pouce au dieu du ballon. A San Gregorio Armeno, l’endroit où Naples expose ses santons, les artistes ont immortalisé les joue