La veste en jean de Matthias est criblée d'écussons. Tous à la gloire du FC Schalke 04 («null-vier»), club de «tradition». Le garçon de 22 ans se trimballe devant la gare de Gelsenkirchen, ville ouvrière du nord de la Ruhr bouffée par le chômage. En plein cagnard, une centaine de supporteurs bleu et blanc braillent, s'empiffrent, rigolent. Outre les écharpes qui lui pendent à la taille, Matthias arbore le blason du club - «S04» - des oreilles à l'annulaire. «C'est ma vie», explique-t-il. «La ville, c'est ce club. Sans lui, il n'y aurait pas de ville», assure son camarade Steffen. «Ici, les enfants sont inscrits au fan-club avant même d'être reconnus à l'état civil», dit Matthias. On est schalker avant d'être allemand.
Comme Liverpool en Angleterre, Lens ou Saint-Etienne en France, Schalke 04 est en Allemagne un de ces monuments du sport, parti des quartiers ouvriers pour atteindre l'ère du foot-business. Ce sont les gars des mines qui ont fait vivre ce club créé en 1904 dans le quartier de Schalke au centre de Gelsenkirchen. Moribond dixième en championnat, le vice-champion d'Allemagne s'est tout de même débrouillé pour aller défier ce soir Manchester United en demi-finale aller de la Ligue des champions. Une première pour les Königsblau : la seule fois que Schalke a pu renifler une coupe européenne, c'était en 1997, avec une victoire en coupe de l'UEFA.
Bouclier. Samedi, on est allé traîner nos baskets dans la Ruhr