Sociologue et amateur de football, Stéphane Beaud avait réagi à chaud à la crise sud-africaine des Bleus en publiant dans Libération une tribune remarquée (Les Bleus dans les filets du sociologue), point de départ d'un essai, Traîtres à la Nation (1). Il réagit aux informations prêtant à des dirigeants du foot français des intentions de discriminations négatives contre les joueurs noirs.
Comment avez-vous reçu les informations de Mediapart ?
D’une manière paradoxale. Le livre sur la grève des Bleus invalidait la lecture racialisante et stigmatisante qui s’est largement imposée dans les médias après l’épisode du «bus de la honte» (les meneurs étiquetés comme «caïds de quartier» et désignés comme «Noirs»). Or, Mediapart ferait état - il faut bien sûr rester prudent - de la diffusion au sein de certaines instances de la FFF d’un discours prônant une discrimination raciale à rebours, pour éviter la trop grande présence de joueurs noirs en centre de formation. Ces révélations produisent chez moi un certain malaise.
Mediapart mêle deux sujets : la question de la discrimination selon des critères ethniques et celle de la binationalité des joueurs et du choix du pays d’origine de leurs parents comme équipe nationale. Ils n’ont, à mon avis, rien à voir. Le fait que la FFF, conformément au vœu tôt formulé par Laurent Blanc, s’empare de ce problème posé par le départ en nombre croissant de jeunes joueurs français très doués, formés dans les meilleurs clubs formateurs français, qui ont joué pour les équipes françai