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Interview

«L’immense majorité des joueurs est persuadée que les Noirs sont naturellement plus costauds»

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Les joueurs de l'OM, Valbuena et Taiwo le 1er mai 2011, contre Auxerre. (REUTERS)
publié le 6 mai 2011 à 14h58
(mis à jour le 6 mai 2011 à 19h28)

Sébastien Chavigner, doctorant et chargé de cours à Sciences Po Paris, est l'auteur d'un mémoire de recherche portant sur les joueurs noirs dans le football français, réalisé en 2010 à partir d'une enquête de terrain dans les centres de formation. Il estime que les «croyances racialistes» imprègnent tout le football français, des encadrants techniques aux joueurs.

Lors de votre enquête de terrain avez-vous observé dans les centres de formation une surreprésentation des joueurs noirs?

Pour parler de surreprésentation, il faut se référer à la population totale, «non-footballeuse». D'après un sondage réalisé par l'institut TNS-Sofres pour le compte du Cran en 2007, la population noire de France, tout du moins la partie de la population française s'auto-identifiant comme «noire» ou «métisse» avec des «ascendants noirs», s'élèverait à 3,86%. Comme le fait remarquer l'historien Pap N'Diaye, ce chiffre est sans-doute sous-estimé, mais celui-ci n'excède pas 5%. Or, la proportion de joueurs noirs dans les effectifs des clubs professionnels français se situe aux alentours de 45%. En équipe de France, sur les années 2009 et 2010, on trouve environ 65% de joueurs noirs dans les listes de joueurs sélectionnés par Raymond Domenech. La surreprésentation de ces joueurs est donc énorm