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Interview

Marwan Mohammed : «Prendre le racisme à bras-le-corps»

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Marwan Mohammed, sociologue et président de club, a signé l’appel :
publié le 6 mai 2011 à 0h00

Marwan Mohammed est sociologue, chargé de recherches au CNRS, spécialiste des «bandes». Il est également depuis dix ans président de C Noues, un club de futsal de Villiers-sur-Marne. Il explique pourquoi il a signé l'appel publié par Libération (lire page 3).

Pourquoi cet appel collectif ?

D’une part, nous sommes frappés, déçus… mais pas totalement surpris par cette affaire. Ensuite, nous sommes solidaires de Mohammed Belkacimi, de son action. Il fallait faire entendre une autre voix, pas celle des officiels ou des politiques, mais celle de ceux qui sont en prise directe avec la rue, notamment dans les quartiers populaires.

Cette affaire est-elle l’occasion de réaliser que l’univers du football n’est pas immunisé contre le racisme ?

Pour certains peut-être. Pour nous c’est une évidence. J’ai eu régulièrement des échanges avec Mohammed Belkacimi. On discutait de questions techniques, footballistiques, sociales mais aussi de son travail à la FFF. Il m’avait déjà sollicité plusieurs fois pour qu’on organise au sein de la DTN des rencontres sur les thèmes qui sont précisément apparus dans le verbatim de la réunion. Il savait très bien ce qui se disait dans ces instances. Ça le révoltait et, en même temps, il était dans une démarche constructive. Il voulait changer les perceptions. Mais ce n’était pas jouable, la fédération ne lui répondait pas. Et lorsqu’on lit les propos tenus lors de cette fameuse réunion, on comprend pourquoi la déconstruction des préjugés n’était pas leur priorité.

Ce racisme ordinaire se retrouve-t-il à d’autres niveaux du football français ?

Le monde du football, amateur ou professionnel, n’est pas une bulle étanche. Et on retrouve parfois sur les terrains des tension