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Interview

«Il y a une croyance racialiste dans le foot»

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Polémique . Le sociologue Sébastien Chavigner analyse la surreprésentation de joueurs noirs en France.
publié le 7 mai 2011 à 0h00

Sébastien Chavigner, doctorant et maître de conférences en sociologie à Sciences-Po Paris, est l'auteur d'un mémoire de recherche sur les joueurs noirs dans le foot français, réalisé en 2010 à partir d'une enquête de terrain dans les centres de formation. Il estime que les «croyances racialistes» imprègnent tout le foot français, des encadrants aux joueurs.

Lors de votre enquête, avez-vous observé dans les centres de formation une surreprésentation des joueurs noirs ?

Pour parler de surreprésentation, il faut se référer à la population totale, non footballeuse. D’après un sondage réalisé par l’institut TNS-Sofres pour le compte du Conseil représentatif des associations noires de France en 2007, la partie de la population française s’auto-identifiant comme «noire» ou «métisse» avec des «ascendants noirs» s’élèverait à 3,86%. Comme le fait remarquer l’historien Pap N’Diaye, ce chiffre est sans doute sous-estimé, mais celui-ci n’excède pas 5%. Or, la proportion de joueurs noirs dans les effectifs des clubs professionnels français se situe aux alentours de 45%. En équipe de France, sur les années 2009 et 2010, on trouve environ 65% de Noirs.

Comment expliquer cette surreprésentation ?

Au-delà des facteurs sociaux comme les conditions socio-économiques d’existence des populations noires en France ou le «miroir aux alouettes» du sport professionnel qui ont été abondamment développés depuis que les sportifs noirs sont devenus majoritaires dans de nombreuses disciplines, j’ai souhaité montrer dans mon enquête que cette surreprésentation tenait aussi pour une bonne part à la croyance bien implantée, chez les recruteurs et formateu