Yvon Trotel, 53 ans, conseiller en management et psychologue sportif, fait figure d'oiseau rare dans le paysage footballistique hexagonal. Depuis 2009, c'est le premier et unique psychologue proposant ses expertises sur «l'état mental» des clubs professionnels (1), dans un milieu où la psy reste largement taboue. Pour cela, Yvon Trotel visionne des heures et des heures de matchs, scrutant le comportement des joueurs pour y déceler les moindres signes de doute ou découvrir les indices extérieurs de détermination. «J'ai commencé en 1995 à accumuler des observations pour mettre au point un système d'indicateurs qui permette de cerner l'état mental d'une équipe, raconte-t-il. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas l'événement ponctuel mais les séquences répétitives. Le buteur qui se prend la tête après avoir manqué une occasion ou le joueur qui s'y reprend toujours à deux fois pour jouer une touche. A partir de ces observations, on peut développer des outils d'action.» A l'heure des bilans de fin de saison, il dépeint en tout cas un foot français demeuré psychiquement à l'ère des patronages.
«Frustration». «C'est un monde endogamique qui se reproduit en vase clos, explique-t-il. Alors que dans le reste de la société, on a compris que le management consistait à s'entourer de compétences, le foot français est resté très paternaliste, avec un entraîneur - et non un manager - censé tout savoir faire. C'est aussi un milieu qui fonctionne beauc