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Libération

Talavante souffle Las Ventas

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San Isidro. A Madrid, la star n’a pas failli, non plus que Manzanares.
publié le 26 mai 2011 à 0h00

Mardi 17 à Madrid début du cycle «Corrida de figuras et choc des amours propres à la San Isidro» ou, «Tout le monde est ego devant la loi, exigeante, de Las Ventas.» Hemingway : «Un boxeur de deuxième ordre n'a pas de main gauche.» Talavante n'est pas boxeur, il n'est pas de deuxième ordre et il a une main gauche de puta madre. Il n'est pas non plus un type à trompeter qu'il va faire une naturelle dont vous me direz des nouvelles, un kikiriki inouï, un foutral molinete. Non il le fait, tout simplement, comme pour lui. Puis il se redresse, et avec son sourire plein de grandes dents, il regarde le public qui saute d'émotion dans les gradins parce que toréer c'est ça. Se trouver toujours dans le terrain du toro, capter sa charge la muleta en avant, se la passer sur son ventre, jouer du poignet pour allonger encore plus son ampleur, la déposer derrière sa hanche, la reprendre sans récupérer du terrain avec de petits pas, clore la série avec des pechos inversés ou des changements de mains ici mexicanistes.

Sourcils blancs. Mardi avec Cervato, un grand toro d'El Ventorillo qui avait des sourcils blancs, Talavante enchaîne des chapelets de naturelles longues, harmonieuses, infinies. Il suscite et domine les attaques du bravo et noble Cervato avec une éloquence sans jactance et une muleta vivante. Certains toreros toréent avec une muleta morte, une planche raide qui débite mécaniquement des œuvres en langue de bois. A travers son rythme, sa précisio