Laurent Blanc et François Blaquart sont-ils racistes ? Leurs propos étaient-ils pénalement qualifiables ? Les binationaux sont-ils un problème ? Ce sont ces questions qui ont dominé le récent débat lancé par les révélations de Mediapart. Ces questions sont légitimes mais elles ont contribué à éluder le fond du problème que constituent d’une part la prégnance du culturalisme, de la xénophobie et certaines fois du racisme lorsqu’il s’agit de phénomènes associés aux Arabes, aux Noirs et aux musulmans, et d’autre part le problème du décalage entre le profil, l’expérience et les représentations des responsables locaux et nationaux du football et celui des pratiquants «d’en bas». Rappelons que de nombreux petits clubs luttent chaque année pour assurer leur survie financière tout en encadrant, parfois difficilement, ces Français qu’il est devenu banal de dénigrer.
Comme les élites économiques ou politiques, les élites locales et nationales du football français sont homogènes, distantes, bien souvent décalées. Elles fonctionnent aux mêmes préjugés : racistes pour les premières, racialistes pour les secondes. Opposer les «Blacks» grands et costauds aux joueurs techniques et dotés de «l'intelligence du jeu», c'est opposé le corps à la raison, la nature à la culture… on vous épargne la suite. Laurent Blanc et François Blaquart nous ont offert un sacré numéro de claquettes en jurant ne pas être racistes, ne pas vouloir discriminer tout en s'excusant de leur propos «inacceptables»