Une statistique étalonne la performance de Jo-Wilfried Tsonga, vainqueur hier de Roger Federer en quart de finale à Wimbledon, 3-6, 6-7 (3/6), 6-4, 6-4, 6-4 : depuis ses débuts en Grand Chelem, le Suisse avait mené 178 fois deux manches à zéro. Et 178 fois il avait gagné. Hier, à la 179e, il a perdu. Et dit ceci : «C'est difficile et frustrant, mais à la limite, je préfère perdre comme ça, en ayant bien joué moi-même. C'est dur, mais cette défaite est plus facile à digérer que celle de l'année dernière [face au Tchèque Tomas Berdych, également en quarts de finale, ndlr]. J'ai presque l'impression de ne pas avoir perdu tellement je jouais bien moi-même. Je n'ai rien à me reprocher. Peut-être que ça fera plus mal dans trois jours, mais j'en doute.»
Comment Federer, que tout le monde donnait favori, non seulement de ce quart de finale mais aussi du tournoi, pourrait-il avoir plus mal qu'à la fin de ce cinquième set qu'il a achevé soûlé de coups ? Ça faisait trois manches que Jo-Wilfried Tsonga était «dans la zone». Cette quatrième dimension dans laquelle lévitent les sportifs quand tout leur réussit. Dans son jardin londonien, où il fut couronné six fois, Federer avait remporté les deux premiers sets à la coule : un break d'entrée dans le premier, un jeu décisif maîtrisé dans la deuxième, ou plutôt largement salopé par le Français. La rencontre tenait de la masterclass délivrée par le Suisse qui se dirigeait tranquillement vers sa 29e demi-finale d