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Analyse

Les frontières mouvantes du Tour de France

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Depuis 1903, l’épreuve cycliste qui rythme les mois de juillet se modernise et se mondialise tout en continuant à jouer sur les repères constitutifs de l’identité française.
publié le 1er juillet 2011 à 0h00

Le succès du Tour de France dépasse l’enjeu cartographique, mais c’est bien sur la carte du Tour que se construit une petite part de la mémoire de la France, une leçon annuelle de géographie nationale, qui borne et jalonne la France et ses voisins de repères symboliques, constitutifs de l’identité française et, peut-être un jour, européenne. Cette dramaturgie estivale est une lutte contre les reliefs et les éléments de la géographie française, avec un dosage subtil d’étapes de plat et de montagne. Ses jalons étapes tendent un fil sur l’Hexagone d’environ 3 500 kilomètres qui dessine chaque année la silhouette d’un «Tour» qui emprunte sa mythologie à l’histoire et offre une géographie idéale.

Journal. L'idée du «Tour» est d'Henri Desgrange, l'organisateur de la compétition de 1903 à 1939. Une idée née d'une querelle de journaux : Pierre Giffard, dreyfusard, refuse dans son journal Le Vélo des publicités du comte de Dion du parti adverse, Henri Desgrange réplique en créant son journal L'Auto qui imagine le premier Tour de France : les six étapes totalisant 2 500 kilomètres font parcourir aux coureurs de L'Auto les trois-quarts de la France.

La course renoue avec le tour monarchique instauré à partir de Charles IX en 1562 sur une idée de François Ier (démonstration processionnaire). Le Tour de France va tenir surtout du tour des compagnons qui lui fournit les étapes (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse et Nantes) et livre les co