Quand les Britanniques du Team Sky ont débarqué sur le Tour l’an passé, les équipes du continent ont maugréé que les «Rosbifs» n’allaient quand même pas leur apprendre à faire du vélo. Il y avait un peu de cette prétention en effet dans l’esbrouffe de l’équipe : autocar intérieur cuir, Jaguar, et des coureurs drogués à l’iPad, la seule tablette légale dans le peloton.
Le manager, Dave Brailsford, a gagné un surnom vachard dans son pays : «The Pub Landlord», du nom de ce héros de série comique ruisselant d'un patriotisme bien lourdaud et animé d'un terrible sentiment antifrançais. C'est assez exagéré, parce que Brailsford est francophile, mais ses pulsions impérialistes sur le cyclisme sont mal dissimulées. Depuis cinq ans, il a entrepris de monter une équipe sur route suivant les recettes high-tech du cyclisme sur piste, élaborées dans le centre ultrasecret de Manchester. Brailsford était alors porté par les succès du jeune Mark Cavendish, ainsi que l'accueil triomphal que Londres réservait au Tour en 2007, et soutenu par les fonds abondants que la loterie nationale investit dans le sport à l'approche des JO.
D'emblée, le Team Sky a rebaptisé les antiques soigneurs «carers» (assistants) et bardé ses coureurs de capteurs électroniques. «On finira par courir avec une sonde dans le cul», s'est un jour plaint l'un d'eux. Sur le prologue l'an passé, les ingénieurs de Sky avaient déterminé les horaires de départ de leurs leaders en fonction de la météo capricieuse.