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Katusha : l’URSS se recycle

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A l’ancienne ou high-tech, avec des bonbonnes de gaz ou pharmaceutiquement propres, portraits des grandes équipes du peloton : aujourd’hui, Katusha.
publié le 11 juillet 2011 à 0h00

Encore une histoire de la guerre froide. Sur ce Tour de France, les Américains de Garmin-Cervélo ont paradé six jours avec l’uniforme jaune de Thor Hushovd. Pendant ce temps, Moscou a dû encaisser les revers de son équipe nationale, la Katusha. C’est une terrible morsure à l’honneur patriotique quand on sait que le parrain du groupe s’appelle Vladimir Poutine, que les maillots sont frappés des dômes pourprés du Kremlin, que le nom Katusha est emprunté à une chanson populaire tout autant qu’aux orgues de Staline, si redoutables jadis pendant l’invasion allemande…

Vendredi, après l'étape de Châteauroux, le directeur sportif, Dmitry Konychev, a dû se justifier de cette course invisible. «Il est inutile d'envoyer les gamins gaspiller leurs forces dans des échappées !» Il y a dix ans, le rideau de fer écroulé, Konychev remportait la première victoire d'étape russe sur le Tour. Un «gamin» né au-delà de l'Oural brûlait alors ses forces sans calcul. Aujourd'hui, les carcasses des coureurs de Katusha rouillent dans la rade du peloton comme des lance-torpilles hors d'usage en mer de Mourmansk. La crise sportive de Katusha a pris la semaine dernière une tournure très politique. Le milliardaire Oleg Tinkov, le créateur de l'équipe, évincé en 2009, a osé sur son blog peut-être la pire insulte pour un Russe : «Décadence.»

Ancien vendeur de caviar au marché noir, devenu à 38 ans coureur professionnel dans sa propre formation, le père fondateur a accusé Andreï Tchmi