La Française des jeux n'a pas d'attaché de presse. Poste inutile quand une poignée de journalistes lui témoigne un soutien en acier blindé et frôle parfois l'épectase au contact du manager, Marc Madiot. Madiot, c'est un peu le Nicolas Dupont-Aignan du peloton, mais avec l'aura d'Eddy Mitchell, santiags comprises. Madiot, c'est l'homme qui dit «non». Au dopage, au déclin de la France, au cyclisme féminin naguère, à la chute des vertus… Il célèbre les courses de clochers et pense que les pavés de Paris-Roubaix, comme la terre de Maurras, ne mentent pas. Le matin du 14 juillet, «Marco» a fait écouter la Marseillaise et le Chant des partisans à ses coureurs. Ceux qui ne sont pas sages connaissent le tarif : un camp de rééducation avec sorties au petit matin dans la tourbe mayennaise de Rénazé.
L’équipe a failli naître en 1996. Avec Total comme sponsor et Bjarne Riis comme chef de file : c’est dire si on a frôlé la catastrophe écologique. La «Française» se lance un an plus tard, appuyée par la loterie nationale. Après le scandale Festina en 1998, le ministère du Budget craint que les deniers de l’Etat servent à payer des ordonnances douteuses dans «son» équipe. Madiot a donc été sommé de créer un projet modèle. La Française des jeux est devenue une utopie, moitié Sparte, moitié Athènes. Belliqueuse, elle se délecte des stratégies offensives. Ses coureurs peuvent n’avoir que 19 ans. C’est l’âge du berceau dans le cyclisme professionnel. Certes, ce système