La course a changé d’échelle, enfin. La victoire de Thor Hushovd (Garmin), hier à Gap, est presque passée inaperçue. C’est la faute à une petite montée de rien du tout : le col de Manse, à 13 kilomètres de l’arrivée, franchi sous la pluie, a enfin donné au Tour un tour gothique. En 2003, Joseba Beloki s’était méchamment cassé la gueule dans cette descente. Lance Armstrong, derrière, l’avait évité, puis avait coupé la prairie par sa moitié et était reparti sur le goudron fondu, sautant sur le vélo comme on remonte à cheval. Un panneau planté dans le champ, au lieu-dit Pont-Sarrazin, rappelle ce haut fait de cavalerie.
Hier, le col de Manse a été le premier théâtre militaire de ce Tour où les favoris se sont mis des gifles. Cadel Evans (BMC) fait la bonne opération au général en prenant la deuxième place à Frank Schleck. Ce dernier, qui descend le col comme un meunier, dos à l’échelle, accuse un retard sur la ligne de 18 secondes sur Alberto Contador (Saxo Bank), qui a fait exploser le peloton des favoris. Mais moins bon descendeur qu’Evans, Contador termine sur la ligne à trois secondes de l’Australien grâce à son compatriote Samuel Sánchez (Euskaltel), qui l’a emmené dans sa roue.
Ménagerie. Au général, les frangins Schleck sont trois et quatre. Contador remonte à la sixième place. Sánchez est cinquième. Thomas Voeckler (Europcar) reste en jaune, mais a cédé en fin de course : «J'ai affiché mes limites.» Andy Schleck, le grand perdant du jour, pointai