Longtemps, Noël Le Graët s’est couché en haïssant les bourgeois. C’était son époque lycée, vers la fin des années 50. Il a rejoint Guingamp à 3 ans, lorsque ses parents ont quitté la ferme de Bourbriac où il est né. Un père chauffeur routier, une mère qui fabrique des machines agricoles à l’usine : la pauvreté, sans la misère.
La Bretagne de l'après-guerre est alors divisée entre ceux qui acceptent les patronages de l'église et les laïcards. Le Graët, lui, est férocement rouge, anticlérical et, de son propre aveu, «met de l'animation dans la classe».
Près de soixante ans plus tard, lorsqu'il reçoit au siège de la Fédération française de football (FFF), les choses ont un peu changé. Le nouveau président s'inquiète de ne pas avoir de cravate pour la photo, porte le costume sombre et a l'emploi du temps surchargé des grands de ce monde qui se déplacent en jet privé. Bref, il ressemble trait pour trait à ceux qu'il exécrait lorsqu'il était gamin. «Disons que j'étais très excessif quand j'étais jeune. Mon service militaire en Algérie m'a guéri. Enfin guéri… La vie évolue.»
En fait, c’est encore pire : la FFF, qu’il préside depuis juin, n’est que la dernière étape d’une longue carrière. Sa feuille de route des dix-huit prochains mois est déjà écrite : sauver un foot français toujours malade de son fiasco sud-africain.
A part ça, le Breton est à la tête d'un groupe agroalimentaire qui emploie 700 personnes. Auparavant, il a présidé le club de sa v