Nicolas Sarkozy et le cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani partagent beaucoup : une ambition démesurée, l’absence de scrupules, le pragmatisme et quelques intérêts plus ou moins avoués. La relation ancienne entre la France et le Qatar atteint aujourd’hui un niveau d’intrication que l’on peine à démêler : grande diplomatie et petits secrets, investissements stratégiques et échange commerciaux, intérêts personnels et renvois d’ascenseur. Le renflouement miraculeux du PSG et le financement du foot français (via l’entrée en lice d’Al-Jezira dans les appels d’offres de la Ligue de football professionnel) ne sont que la face la plus apparente d’un écheveau complexe et mal connu.
Affront. Lorsque Nicolas Sarkozy accède à la présidence, en mai 2007, le cheikh Hamad est le premier chef d'Etat arabe à se précipiter à Paris pour le féliciter. Avant Moubarak l'Egyptien et le roi Abdallah d'Arabie Saoudite, les deux traditionnels amis et piliers de «la politique arabe» de Jacques Chirac. L'affront fut mal vécu à Riyad et au Caire. Peu importe. Les deux compères foncent. Un peu plus d'un mois plus tard, Sarkozy scelle la libération des infirmières bulgares détenues en Libye : dans le package proposé à Kadhafi, le Qatar prend en charge le coûteux système de compensation destiné à indemniser les familles de Benghazi dont les enfants ont été contaminés par le virus du sida.
La complexité du montage et les montants en jeu (320 millions d’euros) laissent penser que l’opération étai