En 1971 dans l'Espagne castagnettes du Porom pom pom, le chanteur Péret fait un malheur avec Borriquito Como Tu, les touristes de la Costa Brava s'arsouillent à la sangria, les Suédoises tombent amoureuses d'El Cordobés, qui donne sa première tournée d'adieux, et le slogan du ministre du Tourisme de Franco, Fraga Iribarne, fait mouche : «Spain is different.» Certes, l'Espagne est différente, mais dans l'infirmerie des arènes flambant neuves de Villanueva de los Infantes, dans la Mancha, 10 000 habitants, on trouve seulement, et selon le picador El Moro, un peu de sérum, de l'alcool, de l'iode et du sparadrap. Le 25 juillet 71, on y trouve aussi les deux oreilles et la queue du toro Cascabel. Sa cuadrilla vient de les apporter à son torero, José Mata, salement encorné à l'estocade, à son deuxième essai. Cascabel est mort, Mata le sera dans deux jours, et les deux n'auraient jamais dû être là.
Cascabel, 420 kilos, de l’élevage Frias, est prévu comme toro remplaçant. Un de ses congénères se blesse. Il entre dans la corrida. Il sort en premier. De son côté, José Mata ce jour-là devait toréer pour un festival de bienfaisance à San Leonardo de Yagüe (province de Soria). Il est appelé à Villanueva pour remplacer Juan Calero, out, et inaugurer la plaza métallique de 2 500 places installée à l’intérieur du sanctuaire de Nuestra Señora de la Antigua.
Envol. José Mata, né en 1940 aux îles Canaries, est venu tard à la corrida. A 16 ans, il part