On s'est rendu samedi au stade Michel-d'Ornano de Caen pour rendre compte du foot loin du Paris-SG, c'est-à-dire pour respirer. On a vu le Lille olympique sporting club s'imposer (2-1), on s'est intéressé au fil qui relie le supporteur à la vedette - via le speaker, les sponsors, le coach - pour ce que l'on en voit un soir de match. On a commencé par cette maxime du fan, dans un bus : «On paye les footballeurs avec une brouette, on paye les rugbymen avec une fourchette.» Et on s'est échoué sur cette madeleine de Proust du spectateur, toujours lâchée par le speaker au moment où le match brûle de partout : «Le propriétaire de l'Audi A3 immatriculée… est prié de se rendre sur le parking pour déplacer son véhicule.»
Le plus beau, il y a une vingtaine d'années, au stade Nungesser : «Monsieur Machin, carte d'abonné n°4 567, vous êtes depuis dix minutes l'heureux papa d'une petite Suzy. Et allez Valenciennes !» Bon. Samedi, à la mi-temps, on s'est glissé parmi les sponsors du Stade Malherbe de Caen : truite fumée et blinis, risotto au rouget et aux moules… Un joueur caennais, tout juste passé pro, au micro : «Je pense que l'entraîneur est en train de demander à mes coéquipiers de mieux tenir le ballon, parce que là…» Le joueur se fait prendre en photo avec les enfants qui veulent, tout le monde se claque la bise. On se rassoit.
«Plaisant». C'est fini. Aucun Lillois n'esquisse le moindre geste de victoire. On n'a pas tout compris, a