Sur la voie d’accès au Mont-Blanc, depuis quinze jours, on aperçoit régulièrement un gringalet aux cheveux de jais filer comme une fusée. De Chamonix (Haute-Savoie) jusqu’au sommet, Kilian Jornet Burgada, 23 ans, fait l’aller-retour en courant, en baskets et en moins de six heures. Son entraînement habituel avant l’Ultratrail du Mont-Blanc, la désormais classique course à pieds autour du toit de l’Europe, qui débute ce soir.
En 2008, le jeune Catalan a pulvérisé le record de l’épreuve, en moins de vingt et une heures, et démenti les certitudes sur l’ultrafond, jusque-là considéré comme la discipline de la maturité. En 2009, nouvelle victoire éclair. L’an dernier, seul l’arrêt de l’épreuve, douchée par l’orage et le vent, l’a coupé dans son élan.
Kilian Jornet est un courant ascendant, que les cimes aspirent toute l'année. En été, l'étudiant en staps de Font-Romeu (Pyrénéees-Orientales) domine les grandes courses de trail (Raid de la Réunion, Western States aux Etats-Unis…). L'hiver, il prend la tête du championnat du monde de ski alpinisme. Entre-temps, il donne forme à ses rêves, à coups de records. La Kilian's Quest, lancée grâce à son sponsor Salomon, l'a mené sur le GR 20, le sentier qui traverse la Corse du nord au sud, dont il a battu le record (32 h 54 pour 200 km et 17 000 m de dénivelé) ; dans les Pyrénées, qu'il a parcourues d'ouest en est en une semaine ; puis jusqu'au sommet du Kilimandjaro en Tanzanie (dont il a atomisé le record) et du mont Olympe en Grèce. «