Ex-directeur technique national (de 1977 à 1984), puis président de la Fédération française d’athlétisme (de 1993 à 1997), Jean Poczobut, 75 ans, siège au conseil de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), dont il vient de quitter les fonctions de trésorier. Il dresse le panorama d’un sport dont il est un observateur averti.
Qu’est-ce qui a le plus changé dans l’athlétisme mondial récemment ?
L’argent a changé de continents. Jusque dans les années 90, les sponsors étaient européens et américains. Aujourd’hui, à l’exception d’Adidas et d’une banque russe, ils sont tous asiatiques. Les partenaires traditionnels ont laissé la place à des pays prêts à mettre des moyens financiers importants dans ce sport : la Chine, la Corée du Sud, le Qatar, voire le Japon.
A qui profite ce changement ?
Aux athlètes. En 1993, aux Mondiaux de Stuttgart, les vainqueurs recevaient une voiture. Depuis 1999, les primes se sont généralisées dans les championnats du monde. A Daegu [Corée du Sud, ndlr], un médaillé d'or touchera 60 000 dollars [41 500 euros], et tous les finalistes seront récompensés. Pour un record du monde, l'IAAF signera un chèque de 100 000 dollars.
L’athlétisme n’a-t-il pas également changé de continent sur la piste ?
C’est vrai, l’équilibre des forces des années 80 et 90 a été bousculé. Les nations traditionnelles marquent le pas : Etats-Unis, Russie, Europe de l’Ouest… L’Afrique bouge, pas seulement le Kenya et l’Ethiopie. Et on voit apparaître dans le haut du tableau des médailles les pays des Caraïbes, à l’image de la Jamaïque, de Trinité-et-Tobago et des Bahamas. A l’est, l’Ukraine, la Pologne et la République tchèqu