Courir un 800 mètres n’a jamais été un art très complexe. Deux tours de piste. Les premiers 200 m en couloirs, la suite en peloton. A fond de bout en bout, ou presque. Avec David Rudisha, l’exercice atteint des sommets de simplicité. Le Kényan s’extrait de la meute au coup de pistolet du starter. Il pose sa foulée de géant en début de cortège, puis avale les deux tours comme s’il était seul au monde, sans un regard dans son ombre. En tête au départ, en tête à l’arrivée. Elémentaire.
Pépite. A Daegu, ce modèle de tactique a offert au Kényan son premier titre mondial. En 1'43"91, un chrono presque moyen pour cet immense Masai, élevé depuis l'enfance dans le respect de la chose athlétique et dans l'adoration d'un paternel, Daniel, médaillé d'argent aux JO de Mexico, en 1968, sur le relais 4 x 400 m. «Il a été mon modèle. Tout jeune, je rêvais de devenir un jour comme lui», avoue aujourd'hui David Rudisha d'une voix étonnamment douce, enfilant les mots les uns derrière les autres avec un soin de chirurgien.
Sans surprise, le gamin débute en athlétisme sur la distance du père. Il double parfois 200 et 400 m, pendant ses années d'écolier, va même jusqu'à éprouver sa robustesse à l'exercice périlleux du décathlon. Sa route est tracée. Mais une rencontre va perturber son bel ordonnancement. A 16 ans, David Rudisha tape dans l'œil de frère Colm O'Connell, un religieux irlandais installé au Kenya depuis les années 70 et connu dans le pays pour ses talents d'ent