Bilbao mardi 23 août. Morante retourne à la barrière. Il vient de tuer Cacareo, toro équivoque mais avec de la caste de Nuñez del Cuvillo, d’un grand bon coup d’épée. Ses péons l’embrassent. Manzanares le félicite. El Juli en civil dans la contre-piste applaudit à tout rompre, ce que ne font jamais les toreros soumis à un devoir de réserve qui recouvre bien la jalousie de voir triompher un autre qu’eux. Matias González, rigoureux président de ces arènes où il est plus coton de couper une deuxième oreille qu’à Madrid et Séville n’hésite pas : il sort en même temps les deux mouchoirs, ce qui lui est arrivé seulement une autre fois en dix-sept ans et pour El Cid. 2 oreilles. Vingt minutes avant, personne n’aurait parié un kopeck sur la tenue d’une faena que les plus optimistes voyaient pliée en trois minutes montre en main.
Doigt dans l'œil. Sur le coup de 19 heures Cacareo, un beau rouquin de 542 kilos aux cornes très pointues, sort sous des protestations : il boitille. Puis il court partout sans se fixer nulle part, ne s'intéresse à rien, reçoit des péons de Morante mille coups de cape qui ne disent rien de bon. C'est mal barré. Avec les picadors, plutôt que d'attaquer tête basse en creusant les reins il se défend à coups de tête. Un manso ? Le président veut ordonner la fin de la séquence après deux piques. Surprise. Morante arrête son picador, Aurelio Cruz ; lui fait donner une troisième pique sous les sifflets. Ah ben ça alors ! Il veut l'escagasser tout à