Scène de respect partagé en conférence de presse du 200 m, samedi , au stade de Daegu. Usain Bolt parle le premier. Christophe Lemaitre l'écoute religieusement, comme s'il voulait boire les paroles du maître. Puis le Français s'exprime, dans un anglais d'écolier, malgré la présence d'un interprète : «J'ai fait la meilleure course de ma vie, mais je pense pouvoir aller plus vite.» Le Jamaïcain confirme d'un hochement de tête. «En France, la pression sur moi est très forte, mais elle ne me gêne pas. Je fais ma course, sans m'occuper du reste», poursuit le Savoyard. Bolt acquiesce encore, avec une mine de professeur. Quelques minutes plus tôt, il avait applaudi l'entrée du médaillé de bronze.
En un demi-tour de piste, samedi, Lemaitre a changé de dimension. Il a posé pour la première fois le pied sur un podium planétaire chez les seniors. Et glissé son nom en bonne place dans les bilans du 200 m : 19"80, record de France. Hier, sa ligne droite a placé le relais 4 x 100 m sur l'orbite d'une improbable médaille d'argent, derrière la Jamaïque en route vers le record du monde (37"04). Deux médailles, du jamais-vu pour un sprinteur français à ce niveau. «Maintenant, je suis vraiment parmi les meilleurs mondiaux», glisse-t-il, l'air d'un ado fier de son bulletin.
Lemaitre a fêté ses 21 ans le 11 juin. Carl Lewis, malgré son plein tiroir de médailles olympiques, a attendu une année de plus pour s'offrir un meilleur chrono (19"75). Pietro Mennea avait 27 ans le