Ils sont toristas : ils vont à Céret, Vic, ou ils marinent dans le jus de Pamplona. Ils en reviennent avec des chemises dégoûtantes et des histoires poilues. Ils sont photographes et ils font des photos épatantes comme celle de Victorino sous son chapeau de paille pourri et ils chargent avec Borgoñes, du même Victorino, sans son chapeau, dans la muleta d’El Cid à Séville. Ils voient les toros de Cebaba Gago débouler comme Ribéry. Ils aiment écrire et ils font des textes chaleureux, sensibles, ironiques, sans langue de bois. Comme ils sont curieux, ils rencontrent des éleveurs sortis d’on ne sait et des toros magnifiques qui les regardent les admirer. Comme ils recherchent l’authenticité, ils se mettent en pétard contre la corrida de synthèse, la bravoure moderne, le toreo vertical. Ils ont des héros : le ganadero-artisan Fernando Cuadri qui signe un long texte, le vieux torero Frascuelo au visage d’aluminium cabossé comme une vieille casserole. Ils se font enfumer par un havane au fond de l’Andalousie avec José Escobar, mayoral, qui raconte l’histoire de Juguetero, le toro furibard qui s’était mis en tête de démolir les cours et arrière-cours de Las Ventas. Ce sont des aficionados, une petite dizaine, qui alimentent le site Campos y Ruedos en images fortes et en écrits qui vont du journal intime à la profession de foi. Comme ils aiment Gutenberg et qu’Internet ne suffit pas, ils en font de beaux livres qui sentent le chêne-liège, la pluie sur Salamanque et la digression saug
Critique
«Campos y ruedos» : second tour de piste
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par Jacques DURAND
publié le 15 septembre 2011 à 0h00
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