Comme un signe. Dimanche, la face ouest des Drus, où Walter Bonatti s’était illustré en 1955, s’est écroulée. Deux jours plus tard, l’Italien, mythe absolu de l’alpinisme, s’est éteint à 81 ans. Symbole de l’engagement extrême, de l’élégance et de l’éthique, il a succombé à un cancer.
Hier, à Courmayeur, au pied du mont Blanc, l'émotion était palpable. «Le premier livre de montagne que j'ai lu, c'était Mes Montagnes, de Bonatti, se souvient Guido Azzalea, président de la Société des guides du Val d'Aoste. C'était un pionnier, le plus grand, il réussissait tout ce qu'il touchait. Il a été précurseur en rocher comme en glace, avec une rare intelligence pour résoudre les derniers "grands problèmes" des Alpes.»
Faim. Né en 1930 à Bergame, Bonatti avait gardé de son enfance malmenée par le fascisme et la guerre le souvenir de la faim. Devenu ouvrier, il passait son temps libre au pied des parois à observer les grimpeurs. En 1948, il goûte à l'escalade dans les Aiguilles de la Grignetta. L'année suivante, il réalise la deuxième ascension de la très difficile voie Detassis dans les Dolomites. Il a 21 ans quand il gravit la face est du Grand Capucin, le mur le plus raide du massif du Mont-Blanc.
En 1954, Bonatti a 23 ans lorsqu’il est sélectionné pour partir au Pakistan gravir le K2, le deuxième sommet le plus haut du monde, avec une expédition nationale. Mais l’aventure tourne au drame. Abandonnés par leurs compagnons auxquels ils montaient des boute