«En cas de défaite, la réélection de John Key tiendra à un fil. Peut-être même devra-t-il composer une coalition avec de petits partis.» Devant un café serré, Laurie Margrain, ancien patron du North Harbour Rugby Union, club phare du championnat des Provinces, résume les tenants et aboutissants politiques de la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande. Stupéfiant pays où le destin du Premier ministre, autant dire bras droit indigène de la reine d'Angleterre, tient peut-être au caprice d'un rebond, à une pénalité renvoyée par un poteau ou à une erreur d'arbitrage.
Donation. Chez les Kiwis, le rugby est bien plus qu'une religion. Il se veut un héritage, une donation perpétuelle transmise de génération en génération depuis plus d'un siècle. Une sorte de chaîne de Ponzi dans laquelle on place son cœur de gosse pour toucher d'insubmersibles amitiés en guise d'intérêts. «Le ballon cimente notre société, affirme l'ancien international Doug Rollerson. Enfant, on apprend à jouer et, en fin de carrière, on devient entraîneur ou dirigeant. Il fait partie intégrante de notre éducation.» Dans le monde entier, l'image de ce pays de 4 millions d'habitants et 40 millions de moutons repose sur les épaules des All Blacks. Ce n'est pas innocent si Murray McCully occupe le poste de ministre des Affaires étrangères et… de la Coupe du monde.
Pourquoi le Premier ministre, John Key, paierait-il pour une simple histoire de ballon pointu ? Parce que les performance